JE NE COMPTE QUE LES HEURES HEUREUSES
EAN13
9782917411360
ISBN
978-2-917411-36-0
Éditeur
Jean-Paul Rocher
Date de publication
Collection
Jean-Paul Rocher
Dimensions
15 cm
Poids
520 g
Fiches UNIMARC
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Je Ne Compte Que Les Heures Heureuses

De

Jean-Paul Rocher

Jean-Paul Rocher

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Voici le livre d'une réfractaire, espèce en voie de disparition sinon déjà trépassée. Jules Vallès, l'écrivain et fondateur du Cri du peuple, avait ainsi défini les réfractaires : « Ceux qui ont juré d'être libres ; qui, au lieu d'accepter la place que leur offrait le monde, ont voulu s'en faire une tout seuls, à coup d'audace et de talent. » Aucune des qualités de la tribu ne manque à Claire Fourier : d'une sensibilité contenue, violente ou jubilatoire, elle sert avec autant d'audace que de talent le chant et la complainte des authentiques esprits libres. Mêlant saynètes, réflexions, aphorismes, observations, brefs dialogues, Je ne compte que les heures heureuses est soutenu par un style élégant, précis, sensuel. Ici, pas de faux-semblants, pas de fioritures. Tout ce qui fait, tout ce qui est la vie, court, rebondit sous une plume alerte : l'amant, l'étreinte, la conversation et la lettre d'amour, la maladie, la guerre, la politique, la psychanalyse, la musique, la peinture, la mort, Dieu…
Claire Fourier est la sœur d'Alice, la fille de Tchekhov. Ses pages, mues par un émerveillement perlé de nostalgie, jaillissent, « forniquent avec le firmament », et elles sont, croyez-moi, chers lecteurs, un élixir de jouvence !

Jean Bothorel


« Sur le socle du tout petit canon de bronze installé en 1786 dans le jardin du Palais-Royal par le sieur Rousseau, horloger sous les arcades, on lit : « Je ne compte que les heures heureuses. » (Traduit de : Horas non numero nisi serenas.) C'est que le petit canon tirait son coup à midi pile les jours de ciel bleu, et seulement ceux-là, à cause d'une loupe orientée vers le méridien de Paris, qui enflammait la mèche sous les rayons du soleil au zénith. Les pendules parisiennes devaient se régler sur le coup de bonheur de ce curieux cadran solaire ; puis toutes celles de France de 1891 à 1911. La police n'ayant pas accès au jardin du Palais-Royal, un abbé et poète oublié, Jacques Delille, put écrire : “Si l'on y dérègle les mœurs, au moins l'on y règle sa montre.” Le petit canon a été volé. Sa réplique ne tonne plus. — Chacun voit désormais midi à sa porte. » (Claire Fourier)
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A propos de "Je ne compte que les heures heureuses"

Par Marie-Josée Christien, Armen, juillet-août, n°183.

Il y a une vraie jubilation à lire Claire Fourier, à se laisser happer, immerger dans sa narration discontinue et fragmentée. Dans Je ne compte que les heures heureuses, pas d’intrigue prévisible, pas de mouvement linéaire mais à chaque page de l’inattendu et de l’inachevé, à l’image de la vie : « un roman comme un tissu d’échappées, de lignes de fuite, un poudroiement d’embruns, un roman biseauté, par saccades ».
Claire Fourier mène son roman aux confins du genre, le pousse à l’extrême, le laisse échapper au développement de la narration. Ce sont les ricochets de sa pensée qui ont le dernier mot. Elle passe avec naturel du récit d’amour où elle se livre pleinement, avec franchise et impudeur, à l’introspection. Chaque fragment célèbre l’intime et la sève amoureuse. Entre Mark et Yuna, les mots sont charnels dans une « étourdissante connivence »: « au lit ils aiment citer des auteurs, des titres, passer en revue les titres de leur bibliothèque ». Au centre de sa parole virevoltante, Claire Fourier place l’exigence d’être dans une relation vraie et dit sa fascination pour la complétude homme femme. Corps et esprit, sensations et parole sont ici indissociables. Il lui est nécessaire de creuser sans cesse son langage, de tourner et retourner sa belle langue sensuelle et charnelle. Elle trouve sa sérénité dans ce corps à corps avec les mots.
Les rencontres de Mark et de Yuna, de Sam et d’Eva, de Klaus et Stella se superposent et s’entrelacent pour former un livre puissant qui envahit les interstices de la vie. Claire Fourier déroule quête et méditation, passe d’un dialogue soutenu à une réflexion sur la peinture ou la musique, de dialogues en lettres et messages électroniques. Elle glisse une citation ou un aphorisme, savoure des mots en breton, sème un haïku, affirme qu’« un bon livre se lit entre les lignes ». On y croise le fruit de ses lectures d’auteurs aujourd’hui délaissés, Montherlant, Guéhenno, Valéry, Lawrence, Yeats, qu’elle aime pour leur « sensualité mystique », mais aussi Baudrillard, Robin, Grosjean.
Là où le lecteur attend que se déroule la passion amoureuse de Mark et de Yuna, Claire Fourier passe à la première personne et revient au premier plan. Narratrice, elle laisse surgir de l’épaisseur de sa vie personnelle ses passions et ses élans, puisant dans le silence de son jardin de Carnac ou dans les bourrasques des vents d’Ouest. Incapable d’«adhérer au tralala d’une histoire », elle échappe aux clôtures et aux cloisonnements.
Cette manière de pousser le roman à ses extrêmes limites et de brouiller les genres n’est sans doute pas étrangère à ses origines bretonnes revendiquées. Il y a incontestablement dans ces pages une puissante matière de Bretagne d’aujourd’hui, où le dedans et le dehors se mêlent intimement, où les turbulences intérieures affleurent à même la peau, où les rires et les larmes ne font qu’un. « Humour et pessimisme font si bon ménage dans la tradition celtique » glisse Claire Fourier. Il en émane une extrême fraîcheur et une étrange sérénité.

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