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    27 avril 2014

    La couleur du crime.

    Ce roman est une rareté dans le domaine de l'édition, en effet, l'auteur est allemand, ce livre a été écrit dans la langue de Goethe, et Jean-Luc Bannalec n'est qu'un nom de plume après être celui d'un village du sud Finistère ! Ces paramètres m'inspirent deux choses : la curiosité et un peu d'angoisse. Comment la Bretagne est-elle perçue par un auteur allemand et à quelle sauce allons-nous être mangés, nous les autochtones ? Allons-nous devoir subir les habituels clichés...
    En ce début juillet, un temps magnifique fait mentir la croyance populaire, il fait beau parfois en Bretagne, donc la journée s'annonce agréable.
    Sauf qu'un événement va troubler la quiétude de Pont-Aven. Pierre-Louis Pennec, le célèbre restaurateur, une icône de cette charmante petite ville, vient d'être assassiné. Quelle faute de goût ! Et en plein début de saison touristique.
    Le crime, particulièrement brutal, n'avait de prime abord aucune raison d'être, la victime était très âgée et condamnée à court terme. Le commissaire Dupin de Concarneau hérite de l'affaire bien que ce ne soit pas sa juridiction.
    Du fait de l'histoire et de la renommée de la ville, ce qui, somme toute aurait dû rester un événement local, va prendre une dimension nationale. En effet cet hôtel a abrité plusieurs peintres inconnus à l'époque mais qui sont devenus des artistes connus dans le monde entier et dont la valeur marchande n'est pas négligeable, bien au contraire.
    Bizarrement dans ce pays de taiseux, un secret de famille est devenu au fil des ans un secret de polichinelle.
    La mort de Loïc, fils de Pierre-Louis, qui devait hériter de l'hôtel, épaissit encore le mystère. Pour le commissaire, le jeu du chat et de la souris avec les principaux protagonistes du drame commence !
    Le commissaire Dupin se trouve, suite à une mutation disciplinaire qui ne veut pas dire son nom, en poste à Concarneau ; parisien, il restera toujours un étranger et ne s'en formalise plus guère.
    De nombreux personnages apparaissent dans le roman : les représentants de la loi, bien sûr avec Nolwenn, sa charmante et efficace adjointe.
    La famille des défunts, panier à crabe, mais vue les sommes en question, cela paraît presque obligatoire.
    Les notables ou personnages politiques sont bien évidement peu sympathiques et farouches défenseurs d'eux-mêmes et de leur caste, oubliant parfois les lois qu'ils rédigent mais qu'ils ne s'appliquent guère. L'exemple le plus frappant est André Pennec, passé des mouvements révolutionnaires et indépendantistes bretons aux ors de la République en changeant de région et sûrement de veste au passage.
    Un peu de fraîcheur avec Marie Morgane Cassel, professeur aux Beaux-Arts et spécialiste de Gauguin.
    Un roman très classique, un peu à l'ancienne, pas de sexe ni de drogue, et qui ne pouvait pas, se déroulant à Pont-Aven, ne pas parler de peinture. En effet ce très joli village du sud Finistère est connu et bien au-delà de la Bretagne pour les différentes écoles picturales qui s'y sont succédé au fil du temps. Donc ici le motif des assassinats est un tableau d'une valeur inestimable.
    Sinon je félicite l'auteur, il connaît très bien la Bretagne et les us et coutumes des Bretons, ainsi que certains de leurs travers.
    Juste un petit reproche, au cours des allers et venues du commissaire dans Pont-Aven, il aurait été sympathique de le faire passer par la promenade Xavier Grall, grand écrivain breton s'il en est.